THÉRAPIE - Vous venez de fixer votre premier rendez-vous pour suivre une thérapie. C’est peut-être votre toute première séance. Ou peut-être que vous avez déjà parlé à quelqu’un par le passé et que vous vous apprêtez à consulter un nouveau thérapeute. Même si vous savez que votre démarche est positive, il est possible que vous éprouviez une certaine appréhension.
“C’est normal d’être nerveux ! Pour la première fois, vous allez rencontrer quelqu’un qui va probablement vous poser des questions vraiment personnelles et délicates sur le plan émotionnel et avec qui vous êtes censé vous montrer honnête et ouvert”, déclare au HuffPost Gina Delucca, psychologue clinicienne à San Francisco. “C’est une situation très peu naturelle et stressante, et en tant que thérapeutes, nous essayons d’être sensibles à cela.”
Afin de vous aider à aborder sereinement votre premier rendez-vous, nous avons demandé à des thérapeutes de partager les sujets évoqués avec leurs patients lors de la première séance. Ces professionnels de la santé mentale expliquent ce qu’il faut savoir pour démarrer (ou reprendre) une thérapie du bon pied.
Voici les questions les plus fréquemment posées par les thérapeutes lors de la première séance.
Avant votre première consultation, il vous enverra probablement des documents administratifs à remplir. Parmi eux, vous trouverez un questionnaire dans lequel on vous demandera vos coordonnées, vos antécédents médicaux (y compris les traitements en cours), si vous avez déjà suivi un quelconque traitement relatif à votre santé mentale dans le passé, les problèmes dont vous souffrez actuellement ou les facteurs de stress que vous rencontrez, ainsi que vos attentes par rapport à la thérapie.
Votre thérapeute examinera vos réponses et vous demandera peut-être de les étoffer avec lui au cours de votre première séance. Voici certaines des questions qui peuvent vous être posées et pourquoi :
1. Qu’est-ce qui vous a conduit à vouloir suivre une thérapie aujourd’hui ?
Votre thérapeute souhaite savoir s’il s’est passé quelque chose dans votre vie qui vous a poussé à prendre rendez-vous à ce moment-là. Cela peut être une rupture difficile, un conflit avec un membre de la famille, un niveau d’anxiété ingérable, une agression sexuelle ou un autre changement majeur, comme le fait de devenir parent ou de se lancer dans une nouvelle carrière.
“Nous souhaitons connaître l’élément déclencheur qui vous a conduit à vous faire aider afin de comprendre la nature du problème et ce sur quoi vous souhaitez travailler”, explique Kate Stoddard, thérapeute conjugale et familiale à San Francisco.
2. Comment avez-vous géré le ou les problèmes qui vous ont conduit à suivre une thérapie ?
Gina Delucca pose cette question à ses nouveaux patients afin de comprendre la manière dont ils font face aux situations stressantes et aux émotions difficiles. Se tournent-ils vers quelque chose de constructif comme la méditation ou des activités de plein air ? Ou bien se reposent-ils sur des habitudes malsaines telles que la consommation excessive d’alcool ou de drogue ?
“Il me semble utile de connaître les ressources et les capacités d’adaptation de mon patient afin de les utiliser et d’en tirer parti lors du traitement”, souligne-t-elle. “D’autre part, cela me permet d’évaluer s’il développe des mécanismes de défense malsains qui pourraient exacerber le problème et avoir un impact sur le traitement, comme le déni, la consommation de drogue ou l’automutilation.”
3. Avez-vous déjà suivi une thérapie par le passé ?
Si vous avez déjà consulté un professionnel, il est probable que vous ayez apprécié certaines choses plus que d’autres. Votre thérapeute actuel peut utiliser ces informations pour vous soigner le plus efficacement possible, a expliqué Danny Gibson, thérapeute conjugal et familial à Los Angeles.
“Si l’expérience s’est révélée positive, en quoi l’a-t-elle été ? Si cela n’a pas été le cas, pourquoi s’est-elle révélée négative, que voudriez-vous faire différemment ? demande-t-il. Le patient dirige la séance, je joue le rôle de guide.”
Si vous répondez “non” à cette question, “le thérapeute peut consacrer plus de temps à vous informer sur la structure, le processus et le fonctionnement de la thérapie”, précise Kate Stoddard.
4. Comment s’est passée votre enfance au sein de votre famille ?
De nombreuses personnes démarrent une thérapie pour mieux se connaître et pour mieux comprendre leurs relations avec les autres. En savoir plus sur l’enfance d’un patient et sa dynamique familiale peut donner un aperçu de la personne qu’elle est aujourd’hui, a affirmé Zainab Delawalla, psychologue clinicienne à Atlanta.
“Bien que les gens n’adoptent pas systématiquement les mêmes rôles que durant leur enfance, le type de relation qu’ils développent est souvent lié à la manière dont ils ont intériorisé certaines attentes liées à ces rôles dans le passé”, a-t-elle déclaré.
5. Avez-vous déjà songé à vous auto-mutiler ou à mettre fin à vos jours ?
Ce type de questions peut faire rejaillir des émotions difficiles chez les personnes ayant déjà eu des pensées suicidaires ou avec des antécédents d’automutilation, mais il est crucial que votre thérapeute connaisse ces informations dès le départ.
“La plupart des cliniciens voudront savoir si vous luttez contre des pensées d’automutilation dès la première séance afin d’être certains de vous orienter vers le niveau de soins approprié”, déclare Zainab Delawalla.
Selon Gina Delucca, si vous répondez “oui” à ce sujet, vous pouvez vous attendre à des questions suivies telles que : “Avez-vous actuellement des pensées suicidaires ?”, “Avez-vous un projet suicidaire ?”, “Avez-vous l’intention de passer à l’acte ?” et “Avez-vous les moyens d’aller au bout de ce projet ?”
6. À quel point vous sentez-vous lié à votre entourage ?
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La solitude peut avoir de graves conséquences sur la santé psychique et mentale. Votre thérapeute voudra donc savoir si vous disposez d’un solide réseau de soutien. Dans le cas contraire, il peut vous aider à en développer un.
“De nombreuses recherches démontrent l’importance du soutien social dans le maintien du bien-être psychologique”, indique Zainab Delawalla, “une bonne compréhension de votre entourage aidera votre thérapeute à utiliser au mieux cette ressource pour améliorer le traitement, et à déterminer si le renforcement de cet aspect devrait faire partie de vos objectifs.”
7. Qu’espérez-vous accomplir avec cette thérapie ?
“Il est utile de creuser cette question lors de la première séance pour connaître les attentes du patient et pour l’aider à mieux appréhender le processus de changement engendré par la thérapie”, explique Kate Stoddard.
Lorsque vous définissez vos objectifs thérapeutiques, soyez aussi précis que possible sur la manière dont ces améliorations pourraient se refléter dans votre vie. Au lieu de vous contenter de dire que vous voulez avoir “plus confiance en vous”, réfléchissez à des indicateurs concrets de ce changement.
“Par exemple, comment pourriez-vous savoir que vous avez davantage confiance en vous ? Que feriez-vous différemment si c’était le cas ?,” interroge Gina Delucca, “Des objectifs plus concrets et mesurables nous permettent de mieux suivre vos progrès et de savoir si le traitement est efficace.”
Pour préparer votre premier rendez-vous, dressez une liste de toutes les questions que vous pourriez vouloir poser à votre thérapeute.
Si vous souhaitez aborder cette première séance en vous sentant mieux préparé, voici quelques points à garder à l’esprit selon nos experts :
Demandez-vous ce que vous recherchez chez un thérapeute.
Chaque professionnel de la santé mentale a son propre style et une approche différente de la thérapie. Réfléchissez à la manière dont vous souhaitez que les séances se déroulent. Partagez ensuite ces informations avec votre thérapeute afin qu’il sache comment travailler au mieux avec vous.
“Bien que votre thérapeute soit un spécialiste de la santé mentale, n’hésitez pas à le lui dire si vous savez que vous avez recours à la thérapie pour être écouté”, conseille Kate Stoddard. “Toutefois, si vous êtes plutôt du genre à vous laisser guider pendant vos séances et que vous ne savez pas de quoi parler, il est important de le lui faire savoir également.”
Préparez-vous à beaucoup parler.
Il y a beaucoup de choses à aborder lors du premier rendez-vous, vous pouvez donc vous attendre à passer une bonne partie de cette séance à parler plutôt qu’à écouter.
“Lors des premières séances, je pose beaucoup de questions ouvertes, car je veux que les patients se sentent à l’aise pour me dire tout ce qu’ils veulent”, admet Zainab Delawalla, ”à moins qu’elles ne soient directement liées aux problèmes qu’il souhaite aborder en thérapie, j’ai tendance à ne pas poser de questions trop indiscrètes lors de la première séance, car je ne veux pas que le patient se sente mis à nu.”
Et n’oubliez pas que si vous souhaitez que votre thérapeute sache quelque chose, vous devez le lui dire. “Bien que nous soyons hautement qualifiés, nous ne lisons pas dans les pensées”, a ajoute t-elle.
Mais il est normal de ne pas être tout de suite prêt à mettre son âme à nu.
Même si vous souhaitez être aussi ouvert et honnête que possible lors de votre premier rendez-vous, il est compréhensible d’avoir besoin de plus de temps avant d’aborder des problèmes très personnels ou des traumatismes passés.
“Nous sommes conscients qu’il puisse parfois falloir un certain temps pour établir une relation sereine et de confiance avec nos patients, a déclaré Delucca. Cela dit, n’hésitez pas à informer votre thérapeute si vous ne vous sentez pas prêt à parler d’un sujet en particulier.”
Sachez que la thérapie est un lieu pour se sentir entendu, et non jugé.
Vous ne devriez jamais vous sentir jugé ou critiqué par votre thérapeute, quoi que vous pensiez, ressentiez ou viviez. Sa présence devrait vous mettre à l’aise plutôt que de vous donner envie de vous fermer comme une huître.
“Il est important de faire attention à votre ressenti lorsque vous êtes en consultation avec votre thérapeute”, déclare Zainab Delawalla, “demandez-vous si vous vous sentez suffisamment à l’aise pour vous ouvrir à cette personne sans peur d’être jugé et si vous pensez que son style de pratique vous correspond.”
Si cette personne ne vous convient pas, ce n’est pas grave ; il vous faudra peut-être un certain temps pour trouver un thérapeute qui vous corresponde.
Dressez une liste de toutes les questions que vous souhaitez poser à votre thérapeute.
Si vous voulez en savoir plus sur sa philosophie, ses diplômes, ses références, ou la durée et la fréquence des séances, le premier rendez-vous est le meilleur moment pour obtenir ces informations, précise Danny Gibson.
Il est possible que vous vous sentiez encore plus mal avant de vous sentir mieux.
La thérapie n’est pas une solution miracle et le processus thérapeutique prend du temps. Alors, armez-vous de patience, de nombreux problèmes ne peuvent pas être résolus en une ou deux séances.
“La thérapie peut lever le voile sur certaines pensées et sentiments refoulés jusqu’à présent, ce qui pourrait aggraver temporairement certains symptômes. À terme, votre thérapie vous apprendra des mécanismes de défense efficaces, qui atténueront ces symptômes”, conclut Zainab Delawalla.
Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr Télécharger le manuel : https://forge.apps.education.fr/drane-ile-de-france/les-manuels-libres/francais-seconde ou directement le fichier ZIP Sous réserve des droits de propriété intellectuelle de tiers, les contenus de ce site sont proposés dans le cadre du droit Français sous licence CC BY-NC-SA 4.0